L’homme
politique doit être comme la lettre P. en d’autres termes, il doit savoir
adopter toute position. Il n’est compétent qu’ainsi. C’est sa nature, parce que
le mouvement, le changement est la
nature de l’histoire et des sociétés, qu’il veut diriger, conseiller ou
transformer.
Certes
les convictions, les principes, les idéaux, que la table des lois reçue par
Moise incarne, sont souvent taillés dans la pierre, et les hommes politiques
doivent souvent faire avec. Ce faisant, ils prendront des précautions pour ne
pas agir en pilotes acrobates, qui font des retournés ou des descentes en piqué
à leur guise, alors que la plupart des hommes à bord de leur avion, ne sont pas
préparés à supporter ces acrobaties. Ce faisant, ils sauront changer les
sociétés en changeant le contenu des principes et des lois, mais en les gardant.
Telle est la grande vérité de l’histoire.
Aujourd’hui
le monde assiste par exemple à une grande mutation du principe de l’amour avec
la reconnaissance sans cesse croissante du mariage homosexuel. Le principe de l’amour
reste, mais son contenu change. Tout homme politique doit savoir qu’il doit
être prêt si c’est nécessaire à accompagner en douceur la société dans de
pareilles transformations.
Nécessité
d’une rupture avec l’APG
Le
dialogue togolais se cabre, rue dans les brancards, parce que les hommes
politiques qui y sont semblent ne pas savoir faire comme la lettre P. Et
pourtant la grande loi du changement, qu’incarne cette lettre, est inscrite au cœur
du temps et de l’espace.
Considérons
le temps. 2014 est-il 2006 ? Evidemment non, surtout qu’il y a huit ans d’écart
et qu’en huit ans beaucoup de choses ont changé. Ainsi, arrivé au pouvoir dans
un bain de sang, M. Faure GNASSINGBE , qui à l’époque faisait profil bas, en huit ans
a pris de l’assurance, a fait ce qu’il
faut pour faire oublier le péché de ses origines. Les peuples ont la mémoire
courte et le sang sèche vite.
L’APG en 2006, dans ce contexte là se
comprend. En 2014, il ne se comprend plus. Il fallait battre le fer quand il
était chaud. Aujourd’hui c’est trop tard et il faut opérer en quelque sorte une
rupture épistémologique, c'est-à-dire idéologique avec l’APG, pour trouver les
voies d’un nouveau consensus.
Et
pour cela, il est d'abord nécessaire de prendre en considération le contexte de 2014. L’espace
intervient ici pour nous éclairer. L’espace du continent d’’abord : il a
changé. La Tunisie, la Libye, l’Egypte ont opéré ce qu’on a appelé le printemps
arabe, comme pour annoncer l’’été, qui devrait nécessairement suivre avant
un automne et un hiver. L’été attendu tarde à venir, et pour
le président Al-SISSI d’Egypte, il
faudrait attendre vingt ans, voire trente pour que cet été, si l’on présume qu’il
doit prendre la forme de la démocratie, ne soit possible. La grande leçon est
que le printemps arabe a été fait pour obtenir la démocratie dans vingt ans, voire trente ans à en croire le président Al-SISSI.
Considérons
maintenant l’espace sous-régional. M.
Blaise COMPAORE, l’architecte de l’APG veut lui-même modifier la constitution
chez lui au Burkina Faso, en supprimant la limitation des mandats pour pouvoir en
briguer un autre. Ne faut-il faut pas attendre de voir quelle tournure les
choses vont y prendre. Nous avons perdu huit ans depuis l’APG. Nous pouvons
attendre le dénouement de ce bras de fer qui s’engage au sein de la classe
politique burkinabé pour en tirer les leçons.
Ensuite,
le Mali, le Nigéria ont révélé des dangers qui planent sur la tête de la
sous-région Ces dangers obligent les Etats de la sous-région à adopter des
postures sécuritaires communes, mobilisant
toute l’attention de leurs dirigeants et ne leur permettant pas de travailler
aisément au changement. Vouloir opérer certains changements dans ce contexte
reviendrait à effectuer des retournés ou des descentes en piqué avec un avion
de chasse, comme si on était un as. Peut-être en avons-nous dans la classe
politique togolaise? Mais ils ont à bord 6 millions de Togolais, dont à
peine le dixième a une fois pris l’avion.
Si l’on comprend cela, la sagesse devrait faire le reste..
Dy
GILID
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