Ce mardi 22 septembre 2015,
la CEDEAO a donné à la paix au Burkina Faso un sursis qu’il lui faudrait
consolider et renforcer. Le dialogue va
se poursuivre. Quelles chances faut-il lui donner ?
Celles du bon sens, la chose
la mieux partagée du monde qui doit
prévaloir dans les positions des acteurs
de la crise. Ce soir, les médias nous donnent l’impression que le peuple
n’attend son salut que de l’assaut des « troupes loyalistes » contre
les « putschistes ». Tant la parole a été donnée en abondance à des
gens qui ne semblent pas comprendre que le refus d’inclure dans le processus
électoral des gens proches de l’ancien président COMPAORE fragilise la
démocratie.
Au moment où il le fallait,
des mises en garde ont été adressées à
la transition burkinabe par certaines puissances occidentales et par la CEDEAO.
Rien n’y fit. La passion l’emportait sur
la raison dans la conduite des affaires de la transition. Elle a ouvert la
porte au coup d’état. Le prétexte de l’exclusion de cette sensibilité
politique, à laquelle on refusait le droit d’être sanctionnée par le peuple
dans les urnes, était bon pour justifier le coup d’état par une partie de
l’armée, qu’on voulait exclure d’une certaine manière en la dissolvant. Les exclus politiques
recevaient ainsi de la maladresse de la transition un bras armé. Telle est la
situation. Et les troupes loyalistes ne semblent soutenir aujourd’hui, qu’une
légalité qui relève plus de la passion
que de la raison.
La raison commande que les
uns et les autres ôtent la paille qui est dans leur œil pour mieux voir. La
CEDEAO a rappelé aujourd’hui que les
militaires doivent se soumettre aux civils. Ce qu’elle a oublié de dire ou n’a
pas voulu dire est que les civils doivent veiller à mériter cette obéissance des civils. Diviser
une armée nationale est la meilleure
voie pour affranchir les soldats de leur devoir de soumission. Et au cours de
ce fameux mardi, le Burkina Faso est dans cette situation, où des responsables
militaires, qu’importe qu’ils soient loyalistes ou non diffusent des
communiqués, prennent des initiatives, pendant que le Président de la
transition est « exilé » à l’ambassade de France et non sous la
protection des troupes loyalistes.
Heureusement que la
CEDEAO va aider la transition en
réinstallant le Président du Faso demain. Elle n’a pas été écoutée et elle
répare les dommages. Faut-il encore qu’on ne fasse pas attention à ce qu’elle
propose pour une sortie de crise en montrant des muscles ?
La soif de justice des Burkinabe,
si elle se comprend doit se nourrir d’une réflexion profonde qui permet
d’assumer une part de responsabilité dans la mort « des gamins »
qu’un leader de la transition évoquait sur les antennes de RFI le mardi 22
septembre pour refuser toute concession au Général DIENDERE et ses amis, qu’il considérait de ce fait
comme des criminels de guerre. Paix à ces gamins dans le royaume de Dieu. Mais
comme leur mort continue à habiter le calcul des vivants, il est indispensable
de souligner que les leaders politiques doivent apprendre à ne pas se servir de
« gamins » dans leurs épreuves de force contre les pouvoirs. Ces
gamins n’étaient-ils pas un peu comme des boucliers humains, des enfants
soldats, phénomène que la justice
internationale condamne ?
Le Burkina Faso n’a pas besoin demain mercredi de saints, côté transition, et de coupables
côté putschistes. Il a besoin de responsables lucides, qui dans le secret de
leur conscience comprennent l’autre et sacrifient leur ambition sur l’autel de
la paix et de la stabilité pour faire leur part de concession pour que soit
relancé le chantier de la démocratie. Ainsi, le terrain sera préparé pour
recevoir les émissaires de la CEDEAO, écouter leur message et renouer avec la
paix et la démocratie. Daigne Dieu faire que la raison l’emporte sur la passion
et la mort chez nos voisins.
Dy
DILID
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