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mercredi 23 septembre 2015

Burkina : Pour un sursaut salutaire




Ce mardi 22 septembre 2015, la CEDEAO a donné à la paix au Burkina Faso un sursis qu’il lui faudrait consolider et renforcer.  Le dialogue va se poursuivre. Quelles chances faut-il lui donner ?
Celles du bon sens, la chose la mieux partagée du monde  qui doit prévaloir dans les positions des  acteurs de la crise. Ce soir, les médias nous donnent l’impression que le  peuple n’attend son salut que de l’assaut des « troupes loyalistes » contre les « putschistes ». Tant la parole a été donnée en abondance à des gens qui ne semblent pas comprendre que le refus d’inclure dans le processus électoral des gens proches de l’ancien président COMPAORE fragilise la démocratie.
Au moment où il le fallait, des mises en garde ont été adressées  à la transition burkinabe par certaines puissances occidentales et par la CEDEAO. Rien  n’y fit. La passion l’emportait sur la raison dans la conduite des affaires de la transition. Elle a ouvert la porte au coup d’état. Le prétexte de l’exclusion de cette sensibilité politique, à laquelle on refusait le droit d’être sanctionnée par le peuple dans les urnes, était bon pour justifier le coup d’état par une partie de l’armée, qu’on voulait exclure d’une certaine manière  en la dissolvant. Les exclus politiques recevaient ainsi de la maladresse de la transition un bras armé. Telle est la situation. Et les troupes loyalistes ne semblent soutenir aujourd’hui, qu’une légalité  qui relève plus de la passion que de la raison.
La raison commande que les uns et les autres ôtent la paille qui est dans leur œil pour mieux voir. La CEDEAO a rappelé aujourd’hui  que les militaires doivent se soumettre aux civils. Ce qu’elle a oublié de dire ou n’a pas voulu dire est que les civils doivent veiller  à mériter cette obéissance des civils. Diviser une armée nationale est  la meilleure voie pour affranchir les soldats de leur devoir de soumission. Et au cours de ce fameux mardi, le Burkina Faso est dans cette situation, où des responsables militaires, qu’importe qu’ils soient loyalistes ou non diffusent des communiqués, prennent des initiatives, pendant que le Président de la transition est « exilé » à l’ambassade de France et non sous la protection des troupes loyalistes. 
Heureusement que la CEDEAO  va aider la transition en réinstallant le Président du Faso demain. Elle n’a pas été écoutée et elle répare les dommages. Faut-il encore qu’on ne fasse pas attention à ce qu’elle propose pour une sortie de crise en montrant des muscles ?
La soif de justice des Burkinabe, si elle se comprend doit se nourrir d’une réflexion profonde qui permet d’assumer une part de responsabilité dans la mort « des gamins » qu’un leader de la transition évoquait sur les antennes de RFI le mardi 22 septembre pour refuser toute concession au Général DIENDERE  et ses amis, qu’il considérait de ce fait comme des criminels de guerre. Paix à ces gamins dans le royaume de Dieu. Mais comme leur mort continue à habiter le calcul des vivants, il est indispensable de souligner que les leaders politiques doivent apprendre à ne pas se servir de « gamins » dans leurs épreuves de force contre les pouvoirs. Ces gamins n’étaient-ils pas un peu comme des boucliers humains, des enfants soldats, phénomène que  la justice internationale condamne ?
Le Burkina Faso n’a  pas besoin demain mercredi  de saints, côté transition, et de coupables côté putschistes. Il a besoin de responsables lucides, qui dans le secret de leur conscience comprennent l’autre et sacrifient leur ambition sur l’autel de la paix et de la stabilité pour faire leur part de concession pour que soit relancé le chantier de la démocratie. Ainsi, le terrain sera préparé pour recevoir les émissaires de la CEDEAO, écouter leur message et renouer avec la paix et la démocratie. Daigne Dieu faire que la raison l’emporte sur la passion et la mort chez nos voisins.
                                                                           Dy DILID

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