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mardi 5 février 2008

Voyage au coeur de mes traditions.

La place de Dieu dans la société traditionnelle moba

Pour aborder la réflexion sur un tel sujet, il importe de voir la structure des prières rituelles qui s’accompagnent de libations et de sacrifices. Et pour cela, la transcription d’une prière en exemple est nécessaire :

Benjamin de Dieu au teint clair,
Toi qui quittes l’Est et vas à l’Ouest,
Toi, dont nous voyons le départ sans voir le retour,
Toi le créateur de toute chose,
Toi qui as créé les hommes, les villages, les maisons et les forêts,
Toi qui as voulu que les forêts soient plus vastes que les maisons,
Toi qui as voulu que tous les hommes t’invoquent,
Ceux qui sont rassasiés comme ceux qui ne sont pas rassasiés,
Voici ton eau de jeune homme privilégié,
Reçois la.

Vous, Maîtresses et Maîtres de la terre,
Venez et recevez votre eau de propriétaires et maîtres de la terre.
http://membres.lycos.fr/idygil/
Mon père ! Mon Père…X, Quand on appelle un homme deux fois,
Il répond trois fois. Viens recevoir ton eau d’homme qui a donné la vie.
Que cette eau te rafraîchisse le coeur . Avec cette eau éteins les incendies
Et tout ce qui veut brûler ta maison, tes descendants.
Voici aussi un poulet blanc que je t’offre en sacrifice. Que ce sacrifice blanchisse ton cœur et qu’en retour tu blanchisses notre route, que tu ôtes tout obstacle
De notre chemin. En recevant ce poulet blanc, souviens toi que la longévité
Est le lot de celui qui monte un cheval blanc, et obtiens nous longévité.
Souviens toi aussi que le bœuf que suit un pique bœuf blanc ne se perd jamais et garde nous, conduis nous, protège nous. Si c’est un autre au dessus de toi qui peux nous donner
Ce que nous te demandons , nous n’en savons rien. Nous croyons que là ou tu es,
Ton bras est plus long que le nôtre et que tu nous obtiendras
ce que nous te demandons. Père, nous ne sommes que des talons qui suivent des orteils.
Et depuis la nuit des temps , nos ancêtres ont procédé ainsi et nous ont conduit
Aujourd’hui dans ce monde , où ce que nous pouvons faire de mieux, avoir de mieux, ne peut venir qu’en plus de ce qu’ils nous ont laissé, de ce qu’ils ont fait.

Voici un schéma type de prière traditionnelle en pays moba, qui varie selon les circonstances, mais en gardant à chaque fois la même structure : Le premier à être invoqué est le Benjamin au teint clair de Dieu et non Dieu lui-même. Comme s’il n’avait nullement besoin de nos prières, On n’évoque Dieu qu’en parlant du Dieu Roi, de sa toute puissance, de sa grande justice, de toutes les qualités inaccessibles aux hommes. Mais sans lui adresser de rite ou de prière particulière. A son Benjamin qu’on invoque, il est remarquable qu’on ne lui offre jamais d’animal en sacrifice, mais seulement de l’eau pure, de même qu’aux Maîtres et Maîtresses de la Terre. Les animaux ne sont sacrifiés qu’aux ancêtres , auxquels l’officiant n’accède que par l’intermédiaire de son père mort. Dans le culte des ancêtres, on ne peut être officiant principal que dans la mesure où on a son père qui a déjà rejoint les ancêtres. C’est lui qui est l’intermédiaire , qui porte toutes les doléances et requêtes aux ancêtres ou aux différentes entités invisibles, qui dépassent l’entendement des vivants.


En considérant tout ce que nous venons de dire, il apparaît que Dieu dans la tradition moba est l’Etre suprême, dont le seul enfant connu est son Benjamin au teint clair. Ce Benjamin au teint clair, que symbolise le soleil ( celui qui part de l’Est et va vers l’Ouest) , est le créateur de toute chose. Dieu est au dessus de la mêlée de notre monde. Il incarne la Toute Puissance, l’Eternelle Royauté, toutes les Vertus qui font l’admiration des hommes. On ne lui demande pas d’intervenir dans la vie des hommes. On ne le demande même pas à son Benjamin. On croit, on est sûr qu’il fera toujours ce qu’il faut quand il faut. Est-on dépassé par la tyrannie ou la méchanceté d’un homme qui écrase tout le monde de sa force ? Un seul proverbe suffit. Dieu ne s’endette jamais, mais il paye les dettes, sous-entendu, il répare les torts et les préjudices subis et il punit les coupables. Point n’est besoin de le lui demander. Les requêtes, les demandes sont adressées aux ancêtres et non à Dieu, à qui on fait toute confiance pour agir et intervenir dans le monde comme il lui plait de le faire et non comme nous le prions de le faire.

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