Dans un pays où l’on est
convaincu de la nécessité d’une réconciliation entre gouvernants et gouvernés,
la moindre des choses est de penser à la promotion d’une amitié entre eux. Le
Togo en parlant de réconciliation parle surtout de réconciliation entre les
gouvernés et un pouvoir qui dure depuis 1967, même si la mort du père peut
faire croire que le règne du fils est en rupture avec celui du père.
Un geste fort a été posé
pour faire croire à une telle rupture ; la création de l’Union pour la
République (UNIR) en lieu et place du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT).
Mais l’obstination à vouloir être différent des modèles, des exemples qui ont
fait leurs preuves ailleurs reste la même.
Aujourd’hui le Togo est
confronté à une question : A-t-il des institutions fortes ? C'est-à-dire
des institutions qui ont tout prévu, qui travaillent ensemble selon l’esprit d’une
constitution et de la raison, qui sont faites pour s’adapter aux circonstances,
que les gouvernants tout comme les gouvernés comprennent et soutiennent, bref
des institutions qui sont faites pour garantir en tout état de cause la
stabilité et la pérennité du pays ?
Le
témoignage de l’histoire
Le Président OBAMA des Etats
Unis, qui sait qu’un Noir ne serait jamais venu au pouvoir dans son pays, si ce
dernier n’avait pas fait le pari de croire aux institutions fortes plutôt qu’aux
hommes forts a voulu léguer cette foi aux Africains. Il les attend encore à
Washington, pour leur dire que pour donner le meilleur de soi en tant que
président d’un pays, on n’a pas besoin de plus de huit ans comme chez eux. Huit
ans chez eux, c’est la mesure. Dix ans ailleurs. Au-delà, c’est une routine,
qui rend le pouvoir suspect et difficile à fréquenter. Au-delà, c’est une
routine, qui épuise le détenteur du pouvoir, tue ou détruit ce qu’il a fait de
bon.
Faut-il rappeler ici qu’après
avoir été une cheville ouvrière de ce
que la Communauté Economique Européenne, aujourd’hui Union Européenne (UE) a
bâti comme modèle de coopération avec l’Afrique, les Caraïbes et le Pacifique (ACP),
le Togo après avoir été le cadre de signature de quatre conventions CEE ACP,
fut aussi le premier et peut être le seul à être frappé d’une longue suspension
de coopération avec l’Europe pour déficit démocratique ?
Le Président GNASSINGBE
Eyadèma fut au pouvoir pour accueillir la signature des quatre conventions. Il
était encore au pouvoir pour endurer la colère de ses amis. Des institutions
fortes lui auraient permis de ne pas détruire ce qu’il a construit avec l’Europe.
Sénèque est
Togolais
L’UNIR et son Président
savent donc que des institutions fortes sont indispensables pour la
pérennité des actes qu’on pose. La question revient : Le Togo a-t-il
aujourd’hui des institutions fortes ? Les institutions fortes, faut-il le
rappeler, ce sont des institutions qui s’adaptent aux circonstances, qui
veillent constamment à s’améliorer, qui engagent automatiquement les processus
de mise à jour. Est-ce le cas pour le Togo ? Si les responsables de ce
pays répondent oui à cette question, ils feraient preuve d’une telle
suffisance, d’un tel orgueil, car ils soutiendraient ainsi, que nos
institutions sont les meilleures dans le monde et qu’il n’y a rien à y
améliorer.
S’ils comprennent qu’il y a
des choses à y améliorer, le peuple attend de les applaudir pour leur lucidité
et les actions courageuses, qu’ils devraient alors engager. Il n’est point
besoin que l’opposition le leur demande avant qu’ils ne le fassent. Il est
vrai, Jésus a dit ; « demandez et l’on vous donnera, »
mais il n’a pas dit quels sont les rapports qui s’établiront entre celui qui a
demandé et celui qui a donné. Il y a tant d’ingrats dans le monde que la suite
n’est pas toujours évidente. Dieu sait les gérer, mais les hommes ne le savent
pas toujours.
Sénèque lui précise que si l’on
donne avent que le bénéficiaire demande, nait une amitié. L’amitié est la
meilleure forme de réconciliation. Il faut la souhaiter entre le peuple et ses
institutions, il faut la souhaiter entre toutes les ethnies et régions du Togo,
comme il faut la souhaiter entre tous les peuples du monde. Le Togo ne serait
pas malheureux s’il a de meilleures institutions, qui font naître une amitié
entre ses différentes composantes. Daignent les détenteurs du pouvoir en être
convaincus aussi !
Dy GILID
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