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jeudi 2 février 2012

LE RPT A LA CROISEE DES CHEMINS

Etre ou ne pas être : telle est, semble t-il, la question qu’au faite de sa gloire, le parti au pouvoir au Togo se pose.
Au lendemain de la conférence Nationale, le Haut Conseil de la République (HCR)avait procédé à une dissolution avortée du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT). Et pour cause, cet acte posé par les partis rivaux et des personnalités, qui nourrissaient ouvertement l’ambition de remplacer le RPT et son président Fondateur le Général Eyadèma GNASSINGBE, apparaissait comme un coup de force inacceptable, une provocation, dont les conséquences furent une reprise en main totale du pouvoir par le RPT.
Aujourd’hui la question revient sur le tapis, et elle se pose d’abord au niveau des instances du parti même.
Et parce qu’il s’agit d’un parti qui s’appelle Rassemblement du Peuple Togolais, chaque citoyen Togolais, chaque élément de l’ensemble, Peuple Togolais a le droit de s’inviter au débat.
Telle est la démarche de cette libre opinion.

La leçon de l’histoire


Pour un éclairage scientifique des Togolais sur la question, interrogeons l’histoire, la mère des sciences.
Elle nous apprend que le RPT a un sosie, le Rassemblement du Peuple Français (RPF) créé en 1947 par le Général de Gaule. Ce parti est mort d’une belle mort, celle que l’intelligence du peuple français, qu’il prétendait rassembler, lui a prescrite, et que son fondateur a lui-même exécutée huit ans seulement après sa création.
A la création du RPF à 1947, ce parti a recruté un nombre important d’adhérents. La reconnaissance au grand vainqueur de la seconde guerre mondiale, l’enthousiasme de nombreux résistants et la ruse de certains collaborationnistes qui ont trouvé en lui le refuge idéal pour des gens discrédités par la défaite allemande, avaient gonflé ses rangs. Son objectif aussi était mobilisateur pour une partie du peuple qui venait d’endurer d’atroces souffrances, celles de la seconde guerre, qui avait confié son destin à Dieu, et qui voyait le communisme, qu’on croit athée, triompher partout.
Oui ! Les militants du RPF se sentaient investis d’une mission : l’éradication du communisme. Un communisme triomphant alors ! Les armées de Staline n’avaient –elles pas été les premières à faire subir des revers graves aux troupes nazies à Stalingrad, à arrêter un général allemand, à entrer dans Berlin ?
En plus, le parti communiste Français aux lendemains de la guerre avait su mobiliser la classe ouvrière, qui a le plus souffert de cette guerre, pour demander des comptes. Vaste programme.
En s’engageant à fond dans la lutte contre le péril rouge en France, et dans la recherche des institutions les plus appropriées pour la stabilité politique du pays, De Gaule avait oublié l’Indochine, l’Algérie.
Le peuple français, pas celui que rassemblait le RPF, le vrai, celui de l’histoire en marche l’abandonna, lui et son parti. Le coup de grâce viendra des députés du RPF même, qui contre l’avis du Général de Gaule votent l’investissement du gouvernement d’Antoine Pinay
En 1955, fidèle à son intelligence et à son sens de la stratégie, le général de Gaule « mettait en veilleuse » le RPF, une façon élégante de reconnaître qu’il avait échoué.


La leçon de la logique


La leçon de l’histoire rejoint celle de la logique. Un peuple est composé de différentes sensibilités que captent et gèrent différents partis politiques dans une démocratie.
Capter une ou plusieurs de ces sensibilités et croire que l’on a rassemblé tout le peuple est une imposture. Il s’agit à la limite d’une posture dangereuse, dans la mesure où elle exclut du peuple les sensibilités, qui n’adhèrent pas à sa vision.
Revenons au RPT et posons-nous quelques questions de bon sens : Ceux qui ne sont pas militants du RPT, qui ne soutiennent pas le RPT, et qui sont Togolais, le RPT les rassemble t-il ?
Si un togolais n’adhère pas au RPT, n’est –il pas exclu du peuple togolais, que le RPT par son nom est prétend rassembler ?
Le RPF en son temps fit de nombreux et valeureux citoyens français des étrangers dans leur propre pays. La prise de conscience d’une telle absurdité vida le RPF de sa légitimité et le général de Gaule dut en tirer les conséquences.
Le RPT depuis que le Togo a plusieurs partis est dans le même cas de figure. Et ses responsables doivent inventer leur formule élégante pour que le RPT disparaisse de la scène politique Togolaise. D’ailleurs toute personne, qui n’est pas membre du RPT, mais qui se sait citoyen togolais, élément de « l’Ensemble Peuple Togolais », peut porter l’affaire en justice. Il pourra y faire comprendre que comme le stipule la première phrase du préambule de la constitution togolaise « Nous Peuple Togolais … « Seule le respect de la loi fondamentale rassemble les Togolais et non un parti. Et il pourra aussi demander qu’on cesse de l’exclure par la dénomination RPT du peuple togolais.
Justice pourra ainsi être faite par une dissolution prononcée devant les tribunaux.
De toutes les façons, si au lendemain de la conférence Nationale, la dissolution du RPT par le HCR apparaissait comme un coup de force, vingt ans après, une disparition du RPT librement consentie par ses responsables et ses membres serait la marque d’une intelligence, d’un courage et d’un bon sens politiques qui ont souvent fait défaut au processus démocratique togolais.
Y. DJAGBA