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jeudi 15 juillet 2010

Le cynisme d'un 14 juillet

Quatorze pays africains, anciennes colonies de la France ont fait défiler leurs troupes sur les Champs Elysées à l'occasion du 221ème anniversaire de la prise de la Bastille. Comme le roi des Belges, M. Nicolas Sarkozy aurait pu nous faire l'honneur d'assister à toutes ces fêtes d'indépendance, s'il avait vraiment voulu respecter nos pays. Mais nos dirigeants n'étaient-ils pas assez dignes pour l'inviter ou est ce lui qui a rejeté leur invitation ? Et dire qu'ils sont surpris par ce qu'ils appellent la polémique. Sire, Ce n'est pas une polémique, c'est une révolution, pour prendre la Bastille du néo colonialisme. M. Faure Gnassingbé , président togolais a déclaré qu'il ne comprenait pas cette polémique. Ce n'est déjà pas facile de comprendre les choses, quand on le veut. A plus forte raison quand on ne le veut pas... Intérêt de classe oblige.
Dans ces pays où la France enferme des peuples misérables, leur refusant la possibilité d'immigrer en France, parce qu'ils sont trop nombreux et que la sécurité des Français serait menacée, l'événement a de quoi faire réfléchir. Nos pays sont comme des prisons où M. Sarkozy, et bien d'autres puissances s'efforcent d'enfermer des misérables, qu'ils ne veulent pas aider.
Si encore ils pouvaient inventer une nouvelle guerre mondiale, où ils nous enverraient tous pour servir de chair à canon. Les temps ont changé. Et ils se contentent de confier cette mission de geoliers exterminateurs à nos armées. Sinon, pourquoi pour les cinquante ans de nos indépendances, la France n'a pensé qu'à rendre hommage à nos armées et leurs chefs suprêmes? Pourquoi? Sont-ils vraiment les plus représentatifs des défis, des enjeux de nos pays?
Non, et ce défilé sur les champs Elysées avait comme message: merci armée togolaise pour le coup d'Etat de 1963, pour celui de 1967, pour le 3 décembre 1992, pour 2005. Merci armée béninoise pour les années de pouvoir stérile des Généraux et Colonels béninois, avant la conférence nationale. En bref, merci, chères armées pour avoir empêché ces hommes d'Etat visionnaires qui voulaient être indépendants de gagner leur pari. Tel est le message réel du défilé du 14 juillet 2010 à Paris. Et c'est cynique.
Voyez vous, la fraternité des armées est une noble fraternité quand elle est au service d'idéaux sublimes. j'ai exalté cette fraternité là dans un de mes poèmes. Mais la fraternité des armées pour asservir et exploiter est la plus dangereuse des fraternités. Aussi faudrait-il se résoudre à croire que la véritable libération dans nos pays se fera contre nos armées, si elles ne cessent pas de trahir nos peuples. Car nous peuples, nous sommes enfermés dans une Bastille, dont elles sont les gardiennes. Et nos présidents malheureusement sont comme des administrateurs de prison.
Le défilé sur les Champs Elysées nous l'a cyniquement rappelé. Qu'elles restent aveugles et traitres si elles le veulent, nos armées. Mais nous voulons avoir notre Napoléon Bonaparte, notre Georges Washington, notre Bismarck, notre Cromwell, notre Cavour; c'est à dire des gens, qui s'appuyant sur la force légitime que leur confie le peuple, construisent son unité, son bonheur, sa paix, et le fait entrer dans l'histoire. Et non des gens qui le font 'reculer en arrière de 100 ans.' L'expression n'est pas de moi.
La Révolution française grondait: aux armes citoyens. Nous autres, nous murmurons: aux leçons de l'histoire peuples, pour la libération avec ou sans les armées.

jeudi 8 juillet 2010

Togo: le rêve de la paix

Le Togo a son gouvernement "historique", celui composé exclusivement de ministres du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) et de l'Union des Forces du Changement (UFC). Pour son acte inaugural, ce gouvernement a augmenté les prix du carburant et a délié les démons de la contestation sociale .Trois personnes ont été tuées dans les manifestations contre cette augmentation.
Stratégie oblige, le nouveau gouvernement a choisi de commencer par le pire pour avoir la marge nécessaire , qui lui permettra de s'améliorer progressivement et de convaincre les Togolais qu'ils peuvent se fier à lui. Il faut toujours reconnaître la valeur de son interlocuteur, même quand il s'agit d'un ennemi. Les responsables et inconditionnels du Front Républicain pour l'Alternance et le Changement (FRAC), qui ont décidé de lâcher M. Gilchrist Olympio pour suivre M. Jean Pierre Fabre le feront-ils, ou continueront-ils à suspecter ce gouvernement de mauvaise foi, alors qu'il n'a encore rien fait?
Maintenant que la fronde sociale a été maitrisée, il appartient à l'alliance UFC/RPT de se mettre à l'oeuvre sur les grands chantiers, qui fondent leur accord. Si l'on estime que ce gouvernement ne peut pas durer plus de deux ans et que les manoeuvres des prochaines élections législatives, qui peuvent être anticipées, signeront sa fin, il n'a pas plus de six mois pour les réformes institutionnelles, dont la plus importante est la modification de la constitution pour réintroduire la limitation des mandats présidentiels.
S'il obtient cette limitation, M. Gilchrist Olympio aura démontré ainsi que le Président Faure Gnassingbé, qui a eu le courage de refaire ce que son père a défait, que non seulement, ils sont ensemble des hommes politiques, mais qu'ils sont aussi des hommes d'Etat, qui ne pensent pas qu'à eux, mais qui pensent à la pérennité de l'Etat, de la République, de la Nation.
Et s'ils arrivent à organiser ensemble une alternance pacifique, sur la base d'une véritable réconciliation et des intérêts bien compris des Togolaises et des Togolais, comme à Frédérik de Klerk et Nelson Mandéla en Afrique du Sud , le prix nobel pourra leur être attribué. Car ils auront fait revenir le Togo de loin en transformant son destin. Ceux et celles qui depuis des années d'une manière ou d'une autre sont intervenus dans le dossier togolais savent que l'alliance UFC/RPT aujourd'hui relève d'un pari audacieux, s'il est sincère, celui de la paix, qui ne peut être gagné que par de vrais hommes, ceux que Diogène cherchait avec sa lampe, ces perles rares de l'humanité, qui se sont débarrassés de l'orgueil, du désir de violence, parfois au prix d'un long combat et d'une grande victoire sur eux mêmes. Le prix nobel de la paix ne peut être qu'une manière de saluer un tel cheminement, qui fait des hommes transcendant les frontières nationales, qui fait des modèles, des références pour la suite de la construction de la paix dans le monde. Puisse ce rêve être aussi le vôtre.