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samedi 24 avril 2010

LA TRAGEDIE DES INDEPENDANCES

Année jubilaire pour une quinzaine de pays africains qui célèbrent les 50 ans de leur accession à l'indépendance, l'année 2010 offre l'occasion de faire le point sur une histoire relativement brève mais agitée du continent africain.
Pour ceux qui se souviennent bien du contexte dans lequel est intervenue cette indépendance, il s'agissait d'une tragique confusion. Ainsi, au Togo, cette indépendance coincida avec l'avènement d'une marque de chaussures dénommée dodzim mélé et certaines chansons populaires, dont la plus expressive de l'esprit dans lequel beaucoup de Togolais accueillaient cet événement est celle - ci : Nyémi le founou fa, essé mou léo, c'est à dire, chiez où vous voulez, il n'y a pas de loi.
Ainsi, les attentes du peuple togolais et en général de beaucoup d'Africains lors de cette accession à l'indépendance étaient d'abord d'avoir du travail tout de suite quand bien même on venait de son village, qu'on n'avait appris aucun métier et surtout que le nouvel Etat indépendant n'avait même pas encore entamé le processus devant à moyen ou long terme créer des emplois. Mais le plus grave était cette confusion qui faisait croire que l'indépendance est synonyme d'absence de lois, de règles organisant la vie de la cité. Ces deux exemples montrent en quoi la suite des indépendances ne pouvait être que ce que nous avons connu: des coups d'Etat à répétition, des partis uniques refusant toute liberté aux citoyens. Cinquante ans après, les Etats et peuples africains sont-ils mieux lotis? Même si nous n'avons plus des coups d'Etat chaque mois, la tendance à contourner la volonté du peuple, en modifiant des constitutions limitant les mandats présidentiels, à brouiller la vérité des urnes pour s'imposer par la tricherie ou les intimidations rappelle bien curieusement ce refus de la contrainte légale évoquée ci-dessus, qui est d'autant plus grave aujourd'hui, qu'il n'est plus le fait des peuples, mais celui des gouvernants, sensés donner l'exemple. Oui 50 ans après les indépendances, le grand malheur de l'Afrique est de manquer cruellement de modèles, de références en matière de respect des peuples,de respect du bien commun,en matière de programmes et de stratégies fondant les grands rêves qui édifient les nations, qui inscrivent le destin des peuples et des nations dans une vision qui ouvre les chemins de l'éternité. Célébrer les cinquante ans de nos indépendances requiert surtout que nous désignions ces modèles et références s'il y en a déjà, et dans tous les cas que nous déterminions le profil de ces modèles et de ces références dont l'Afrique a besoin pour enfin donner un sens à ces indépendances. Tout au long de nos partages et réflexions, c'est le résultat qu'il nous faudrait atteindre,me semble-t-il en veillant à éclairer nos idées d'exemples historiques concrets. Je vous remercie.