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lundi 11 février 2008

ASKY: La marque de la nouvelle Afrique

L'expérience marquante que je vis en ce moment est celle de la création d'une nouvelle compagnie aérienne africaine appelée ASKY. ASKY, pour African SKY, Ciel d'Afrique est l'aboutissement à la fois d'un échec qui a fait mal et d'un rêve qui a mobilisé les énergies d'hommes et femmes de bonne volonté. L' échec est celui d'Air Afrique, une compagnie multinationale dont l'expérience est remarquable parce qu'elle a été unique dans son genre, parce qu'elle fut pendant longtemps un succès et la preuve que l'Afrique peut faire de grandes choses.
Sa chute fut d'autant plus douloureuse qu'elle était montée haut dans l'estime de Africains. La principale leçon de cet échec a été qu'il faut recommencer l'expérience d'une compagnie aérienne multinationale. Ainsi naquit le rêve, qui partit de l'Afrique de l'Ouest, essaima jusqu'en Afrique du Sud et prit corps dans une compagnie multinationale africaine d'essence privée et de classe mondiale, ASKY pour African SKY.
Les artisans de ce rêve furent notamment l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), à travers leurs institutions de financement que sont la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et la Banque d'Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), ainsi que le Groupe ECOBANK représentant le secteur privé du continent..A la différence d'Air Afrique, ASKY est une compagnie privée, dont la gouvernance, a souligné le Président de son Conseil d'Administration M. Gervais K. DJONDO, sera assurée par des gestionnaires professionnels et compétents recrutés par des chasseurs de tête. La consécration de la création de la nouvelle compagnie aérienne africaine ASKY qui a eu lieu le 17 janvier 2008 à l'Hôtel Azalaï Indépendance de Ouagadougou a fait l'objet de nombreux échos et commentaires sur son site et dans de nombreux journaux.
Il ne s'agit pas pour moi de publier ici un autre reportage. Il s'agit dans ce petit coin de blog, mon univers intime, de partager avec vous deux choses qui m'ont frappé.
La première chose est que de plus en plus d'Africains, leaders , Managers, responsables politiques ou gestionnaires d'entreprises ont pris la mesure des défis auxquels l'Afrique est confrontée, et qu'ils sont prêts à tout donner pour les relever. J'ai cotoyé ces femmes et ces hommes, qui sont en train de faire de ASKY une réalité avec laquelle il faut compter. Je les ai vus se lever tôt, se coucher tard, discuter franchement, sincèrement et parvenir au compromis de la raison, des intérêts du continent. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir comme eux que l'Afrique ouvre des chantiers de compétence, pour se présenter en gagnant au rendez vous de la mondialisation.
La deuxième réflexion m'est inspirée par l'enthousiasme qu'a suscité l'annonce de la création de la compagnie ASKY. Les forums de discussion sur les sites internet, les messages de félicitation adressés à la présidence de la compagnie, les nombreux appels pour s'informer de la procédure d'acquisition d'action ne trompent pas: les Africains se connaissent désormais. Ils se font désormais confiance. Ils veulent d'une nouvelle Afrique, d'une Afrique qu'a évoqué le Président du Conseil d'Administration de la nouvelle compagnie aérienne dans son message consacré au lancement du site internet de cette dernière.
Cette Afrique , celle de demain, les Africains l'ont reconnue dans ASKY. Bon vent à ASKY.

mardi 5 février 2008

Voyage au coeur de mes traditions.

La place de Dieu dans la société traditionnelle moba

Pour aborder la réflexion sur un tel sujet, il importe de voir la structure des prières rituelles qui s’accompagnent de libations et de sacrifices. Et pour cela, la transcription d’une prière en exemple est nécessaire :

Benjamin de Dieu au teint clair,
Toi qui quittes l’Est et vas à l’Ouest,
Toi, dont nous voyons le départ sans voir le retour,
Toi le créateur de toute chose,
Toi qui as créé les hommes, les villages, les maisons et les forêts,
Toi qui as voulu que les forêts soient plus vastes que les maisons,
Toi qui as voulu que tous les hommes t’invoquent,
Ceux qui sont rassasiés comme ceux qui ne sont pas rassasiés,
Voici ton eau de jeune homme privilégié,
Reçois la.

Vous, Maîtresses et Maîtres de la terre,
Venez et recevez votre eau de propriétaires et maîtres de la terre.
http://membres.lycos.fr/idygil/
Mon père ! Mon Père…X, Quand on appelle un homme deux fois,
Il répond trois fois. Viens recevoir ton eau d’homme qui a donné la vie.
Que cette eau te rafraîchisse le coeur . Avec cette eau éteins les incendies
Et tout ce qui veut brûler ta maison, tes descendants.
Voici aussi un poulet blanc que je t’offre en sacrifice. Que ce sacrifice blanchisse ton cœur et qu’en retour tu blanchisses notre route, que tu ôtes tout obstacle
De notre chemin. En recevant ce poulet blanc, souviens toi que la longévité
Est le lot de celui qui monte un cheval blanc, et obtiens nous longévité.
Souviens toi aussi que le bœuf que suit un pique bœuf blanc ne se perd jamais et garde nous, conduis nous, protège nous. Si c’est un autre au dessus de toi qui peux nous donner
Ce que nous te demandons , nous n’en savons rien. Nous croyons que là ou tu es,
Ton bras est plus long que le nôtre et que tu nous obtiendras
ce que nous te demandons. Père, nous ne sommes que des talons qui suivent des orteils.
Et depuis la nuit des temps , nos ancêtres ont procédé ainsi et nous ont conduit
Aujourd’hui dans ce monde , où ce que nous pouvons faire de mieux, avoir de mieux, ne peut venir qu’en plus de ce qu’ils nous ont laissé, de ce qu’ils ont fait.

Voici un schéma type de prière traditionnelle en pays moba, qui varie selon les circonstances, mais en gardant à chaque fois la même structure : Le premier à être invoqué est le Benjamin au teint clair de Dieu et non Dieu lui-même. Comme s’il n’avait nullement besoin de nos prières, On n’évoque Dieu qu’en parlant du Dieu Roi, de sa toute puissance, de sa grande justice, de toutes les qualités inaccessibles aux hommes. Mais sans lui adresser de rite ou de prière particulière. A son Benjamin qu’on invoque, il est remarquable qu’on ne lui offre jamais d’animal en sacrifice, mais seulement de l’eau pure, de même qu’aux Maîtres et Maîtresses de la Terre. Les animaux ne sont sacrifiés qu’aux ancêtres , auxquels l’officiant n’accède que par l’intermédiaire de son père mort. Dans le culte des ancêtres, on ne peut être officiant principal que dans la mesure où on a son père qui a déjà rejoint les ancêtres. C’est lui qui est l’intermédiaire , qui porte toutes les doléances et requêtes aux ancêtres ou aux différentes entités invisibles, qui dépassent l’entendement des vivants.


En considérant tout ce que nous venons de dire, il apparaît que Dieu dans la tradition moba est l’Etre suprême, dont le seul enfant connu est son Benjamin au teint clair. Ce Benjamin au teint clair, que symbolise le soleil ( celui qui part de l’Est et va vers l’Ouest) , est le créateur de toute chose. Dieu est au dessus de la mêlée de notre monde. Il incarne la Toute Puissance, l’Eternelle Royauté, toutes les Vertus qui font l’admiration des hommes. On ne lui demande pas d’intervenir dans la vie des hommes. On ne le demande même pas à son Benjamin. On croit, on est sûr qu’il fera toujours ce qu’il faut quand il faut. Est-on dépassé par la tyrannie ou la méchanceté d’un homme qui écrase tout le monde de sa force ? Un seul proverbe suffit. Dieu ne s’endette jamais, mais il paye les dettes, sous-entendu, il répare les torts et les préjudices subis et il punit les coupables. Point n’est besoin de le lui demander. Les requêtes, les demandes sont adressées aux ancêtres et non à Dieu, à qui on fait toute confiance pour agir et intervenir dans le monde comme il lui plait de le faire et non comme nous le prions de le faire.